Qu’est-ce que la sécheresse ?

La sécheresse est caractérisée par un déficit de précipitation sur une période plus ou moins longue. Celle-ci est susceptible d’affecter à la fois l’environnement et notre vie quotidienne : assèchement des cours d’eau, déstabilisation des milieux naturels, impacts sur l’approvisionnement en eau potable et la navigation fluviale, augmentation du risque d’incendies, dommages aux bâtiments et infrastructures…

On distingue quatre types de sécheresse :

• La sécheresse météorologique due à un manque de précipitations ;

• La sécheresse édaphique ou agricole causée par un manque d’eau dans les sols et qui nuit au développement des cultures ;

• La sécheresse hydrologique quand les lacs, les cours d’eau ou les nappes souterraines atteignent des niveaux anormalement bas ;

• La sécheresse géotechnique qui peut entraîner des dommages aux bâtiments à travers le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA). Le risque de RGA a pour origine un mouvement de terrain naturel et lent qui entraîne une déformation progressive des sols ou sous-sols riches en argiles dites "gonflantes". Celui-ci apparaît lorsque les sols argileux se rétractent lors des périodes de sécheresse et gonflent par réhydratation après de très fortes pluies. En France, 48% du territoire métropolitain et plus de la moitié des maisons individuelles, soit plus de 10 millions, seraient potentiellement concernés. Ce risque est pris en compte par votre assureur au moment de signer votre contrat d’assurance habitation. C’est un point important à discuter avec votre conseiller si vous habitez une région à risque au moment de faire un devis.
  

La sécheresse en chiffres

• En 2022, 35 %⁽¹⁾ des sols en France ont connu une situation de sécheresse. Une situation inédite selon les analyses de Météo France effectuées depuis 1959 ;

• 72 000 hectares⁽²⁾ de forêt et de végétation ont été brulés par les incendies en 2022 ;

• 6300 communes ont déclarées en état de catastrophe naturelle au titre du retrait-gonflement des argiles en 2022 pour un coût total de 3,5 milliards d’euros indemnisés par les assureurs

• En septembre 2023, 189⁽³⁾ communes étaient privées d’eau potable en France. Il y en avait 700 en 2022 à la même période.

• Si les précipitations de l’hiver 2023-2024 ont été légèrement excédentaires en moyenne en France (+ 10 %), permettant dans un certain nombre de territoire une amélioration de la situation, celle-ci reste très préoccupante en ce début de printemps 2024 sur une partie du sud de la France avec des cumuls déficitaires de plus de 30 % dans l’Aude, l’Hérault, le Gard et l’Ardèche ainsi qu’une partie de la Corse, et jusqu’à 70 % dans les Pyrénées-Orientales⁽⁴⁾.
  

Quelles sont les principales causes de la sécheresse ?

La sécheresse peut résulter d’un manque de pluie lorsque la quantité d’eau issue des précipitations est nettement inférieure aux normales saisonnières sur une période prolongée. Celle-ci peut également être aggravée en cas d’utilisation trop intensive ou inadaptée de l’eau disponible.

Les causes météorologiques

A l’origine, la sécheresse est un phénomène climatique naturel lié à un déficit prononcé et prolongé de précipitations sur un territoire donné. Celle-ci est susceptible d’être accentuée si cette pénurie s’accompagne de températures élevées qui favorisent les phénomènes d’évaporation et de transpiration des sols et de la végétation.

Le changement climatique modifie le cycle de l’eau. Les épisodes de sécheresse sont ainsi de plus en plus fréquents et débutent plus tôt dans l’année. Ceux-ci sont aggravés par les vagues de chaleur et les canicules, phénomènes également plus fréquents et intenses à mesure que le climat se réchauffe.

Les causes humaines

L’utilisation intensive de l’eau dans notre vie quotidienne accélère le phénomène de sécheresse. Nous en consommons chaque jour d’énormes quantités pour nos besoins personnels ou nos activités économiques, industrielles et agricoles.

D’autres activités comme la déforestation accentuent également l’évaporation de l’eau et la sécheresse. D’autre part, l’artificialisation des sols dans les zones urbaines ne permet pas à l’eau de pluie de pénétrer dans les sols en profondeur, et aggrave également la pénurie d’eau.

Quelles sont les conséquences de la sécheresse en France ?

En France, les conséquences de la sécheresse se ressentent sur la vie quotidienne des citoyens et de leurs activités, ainsi que sur l’environnement.

Les conséquences sur l’homme

Si vous habitez une région touchée par les restrictions d’eau en période de sécheresse, vous constaterez rapidement que l’eau est un élément fondamental de notre vie dont il est très difficile de se passer.

La sécheresse a un impact direct sur :

• La qualité de l’eau : la hausse des températures de l’eau et le manque d’oxygène favorisent la prolifération d’algues émettant des gaz toxiques ;

• Le traitement de l’eau potable : des traitements plus importants pour garder l’eau potable sont nécessaires, donc plus coûteux. L’eau reste parfois impropre à la consommation ;

• Les inondations : en cas de fortes pluies sur des terres asséchées, l’eau a du mal à s’écouler, provoquant des phénomènes de ruissellement et de submersions y compris en dehors des zones de débordement des cours d’eau ;

• L’habitat : les bâtiments exposés au retrait-gonflement des argiles peuvent être affectés par l’apparition de fissures et de lézardes.

L’impact sur l’agriculture

Le secteur agricole est sévèrement touché par les périodes de sécheresse. Cultivateurs et éleveurs subissent directement les conséquences du manque d’eau pour exercer leur activité.

Des arrosages conséquents sont nécessaires pour maintenir le bon état des terres agricoles. Il faut parfois prévoir des systèmes d’irrigation coûteux. Cet effort financier supplémentaire ne peut pas toujours être supporté et met en péril les productions. Les récoltes en sont affectées.

Les activités d’élevage sont aussi touchées par la sécheresse qui détruit les pâturages. Pour nourrir le bétail, il faut recourir à des aliments achetés.

L’impact sur la faune et la flore

Les sols asséchés s’appauvrissent et modifient les écosystèmes. Faune et flore ne trouvent plus les éléments indispensables à leur survie. Sur une trop longue période, la sécheresse anéantit certaines plantes aquatiques et terrestres, et force des espèces animales à migrer, parce qu’elles ne peuvent plus s’abreuver ni s’alimenter. La biodiversité en est bouleversée.

Dans des zones arides, les départs de feu sont aussi des risques fréquents. Chaque année, des incendies dévastent des hectares de forêts, et mettent en péril les animaux qui y vivent ainsi que les habitations alentour.

Comment agir pour prévenir et éviter la sécheresse ?

Les autorités peuvent imposer des restrictions d’utilisation de l’eau. Les ménages ont aussi leur rôle à jouer grâce à des gestes simples.

Les mesures d’adaptation collectives

En cas de pénurie d’eau, les préfets ont le droit de prendre des mesures pour limiter ou suspendre l’usage de l’eau non prioritaire.

Elles sont classées selon quatre niveaux :

• Niveau 1 - Vigilance : pour inciter les particuliers et les professionnels à économiser l’eau (sensibilisation sans restriction) ;

• Niveau 2 - Alerte : réduction des prélèvements d’eau et interdiction des activités impactant les milieux aquatiques, restrictions en matière d’arrosage et d’irrigation de cultures) ;

• Niveau 3 - Alerte renforcée : réduction de tous les prélèvements en eau et interdiction des activités impactant les milieux aquatiques, restrictions renforcées en matière d’arrosage, interdiction d’autres usages ;

• Niveau 4 - Crise : utilisation pour les usages prioritaires (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité), avec interdiction de prélèvements pour l’agriculture, les usages domestiques et les espaces publics.
  

Les solutions individuelles pour agir à son échelle

Chaque citoyen peut agir à son niveau pour limiter sa consommation en eau, et sans attendre que des restrictions soient mises en place.

Voici quelques exemples :

A l’intérieur :

• Eviter de laisser couler l’eau du robinet (10 litres d’eau économisés par minute en moyenne) ;

• Prendre des douches de 4-5 minutes plutôt que des bains (100 litres d’eau économisés par bain évité) ;

• Optimiser l’usage des appareils de lavage en lançant des machines à plein afin de diminuer le nombre de cycles de lavage ;

• Installer des mousseurs d’eau sur les robinets (réduction de 50 % de la consommation du robinet) ;

• Installer une douchette économe dans la salle de bain (réduction de 75% la consommation d’eau lors de la douche).

A l’extérieur :

• Limiter les arrosages tout en évitant d’arroser en pleine journée ;

• Choisir des plantes qui résistent mieux à la sécheresse (lavande, romarin, plantes grasse…) ;

• Disposer de la paille au pied des plantes pour conserver l’humidité ;

• Installer un arrosage au goutte à goutte ;

• Installer un récupérateur d’eau de pluie ;

• Eviter de laver sa voiture en période de restriction (chaque lavage à domicile consomme 200 à 400 litres d’eau).

Les départements les plus touchés par la sécheresse

Les départements situés dans le sud de la France sont habituellement les plus touchés, surtout en été. Mais ce phénomène s’est étendu ces dernières années à bien d’autres régions plus au nord, en raison des effets du changement climatique.

Le site VigiEau proposé par le ministère de la Transition écologique recense sur une carte tous les arrêtés préfectoraux pris en cas de restriction d’eau et identifiables par l’un des quatre niveaux d’alerte (vigilance, alerte, alerte renforcée, crise).

En juillet 2023, 71 départements ont connu des restrictions d’eau, dont 22 en situation de crise, 27 en alerte renforcée et 22 en alerte.

Au début du printemps 2024, cinq départements sont en partie d’ores et déjà en « crise » ou « alerte renforcée » pour la sécheresse : les Pyrénées-Orientales, l’Aude, l’Hérault, l’Ain et la Martinique⁽⁵⁾.