Convois agricoles, vigilance à la surcharge

Pour améliorer le service à ses adhérents, cette Cuma s’est équipée d’une nouvelle tonne à lisier. A peine une semaine après sa livraison, un accident se produit : la tonne se renverse sur la voie publique et part au fossé. Heureusement, le chauffeur est indemne. En revanche, le matériel, d’une valeur de 170.000 euros, est irrémédiablement endommagé. Il s’est avéré que le chargement transporté par la tonne dépassait la charge autorisée.

En cas de surcharge, le freinage devient moins efficace et le risque de déséquilibre du convoi augmente fortement. Par ailleurs, le non-respect de la réglementation peut entraîner des sanctions et impacter la prise en charge du sinistre par votre assurance. Il est donc essentiel de bien respecter la réglementation sur les limites de chargement pour votre sécurité et celle des différents intervenants de l’exploitation, comme pour l’indemnisation en cas de sinistre.

Un double enjeu, à la fois technique et réglementaire

Les charges maximales autorisées ne dépendent pas seulement des capacités techniques du matériel, elles sont aussi encadrées par le Code de la route. Or, les deux ne coïncident pas toujours.

Chaque matériel agricole est conçu et homologué pour supporter une certaine masse. Sur la plaque constructeur et le certificat d’immatriculation sont rappelés les différentes caractéristiques propres à chaque matériel et déterminées lors de son homologation.

Le Poids Total Autorisé en Charge (PTAC) est la charge maximale qui peut être portée par les roues.

Le Poids Total Roulant Autorisé (PTRA) est la masse maximale du convoi formé par le tracteur et tout ce qui lui est attelé.

Le Code de la Route impose ses propres limites, destinées à protéger la sécurité routière et les infrastructures :

• La charge autorisée dépend du nombre d’essieux. Cela va de 13 tonnes pour un essieu jusqu’à 38 tonnes pour 4 essieux. Pour les convois de plus de 4 essieux, ce poids peut aller jusqu’à 40 t (voire 44 t sous conditions spécifiques).

• La masse de la remorque chargée ne doit pas excéder 4,5 fois le poids à vide du tracteur (si freinage simple), ou 5,5 fois (si freinage assisté).

• Pour éviter de rouler en surcharge, reportez-vous au PTRA indiqué sur votre carte grise. Retenez la valeur la plus faible entre le PTRA et la limite réglementaire, puis soustrayez le poids du matériel : vous obtenez ainsi la charte utile maximale autorisée.

Par exemple, une benne à 3 essieux peut transporter plus de 20 t de grain. Mais attelée à un tracteur de 10 t, l’ensemble atteint 40 t. Or, avec seulement 4 essieux, la limite est de 38 t. Le convoi est donc en surcharge.

Des surcharges aux importantes conséquences financières

Une surcharge n’est pas anodine. Elle constitue une infraction routière pouvant entrainer des sanctions, en plus de compromettre la sécurité du convoi. Dès 5% de dépassement, le matériel peut être immobilisé.

Jusqu’à 20% de surcharge, le dépassement relève d’une contravention de 4ᵉ classe, pouvant entrainer une amende de 135€ et un retrait de 3 à 6 points.

Au-delà de 20% de surcharge, il s’agit d’une contravention de 5ᵉ classe assortie d’une amende de 1.500 à 3.000€ et d’une possible suspension du permis de conduire.

En cas d’accident, votre responsabilité civile et pénale peut être engagée si une surcharge est constatée.

Des surcharges qui peuvent aussi avoir des impacts techniques

Selon les spécialistes, rouler régulièrement en surcharge peut diviser par deux la durée de vie de votre remorque. Une surcharge, même de quelques tonnes, exerce une pression considérable sur les composants.

Par exemple, une surcharge de 10% réduit la durée de vie des roulements de près de 40%. Un pneu agricole de type 710/70 R 42, prévu pour 3,25 t à 1,6 bar, peut se retrouver en surcharge s’il supporte 3,8 t, ce qui entraine échauffement, usure accélérée et risque d’éclatement.

En surcharge, les distances de freinage peuvent augmenter de 20 à 30%, ce qui est critique sur route humide ou en descente.

Un excès de poids joue aussi sur le châssis et l’attelage, avec des risques de fissures et d'arrachements au niveau du piton ou de la boule d’attelage.

Les bons réflexes pour rouler en toute conformité

1. Toujours vérifier le PTRA (Poids Total Roulant Autorisé) sur la carte grise du tracteur : il fixe la masse maximale tractable, quel que soit le matériel attelé.

2. Peser les chargements sensibles (maïs humide, ensilage, pulpes, fumier frais, lisier) car leur densité réelle peut varier fortement.

3. Répartir la charge : éviter de surcharger l’essieu arrière de la remorque ou l’attelage du tracteur.

4. Laisser une marge de sécurité de 5 à 10 % : mieux vaut rouler “un peu moins plein” que dépasser les limites légales.

5. Former les chauffeurs : un salarié qui ignore la réglementation peut involontairement charger au-delà des seuils.

6. Entretenir le matériel : freins, pneus, suspensions doivent être en parfait état pour supporter les charges admissibles.

Une petite astuce pour charger rapidement sans risque de dépassement : établissez une fiche de référence pour chaque matériel (PTAC, PTRA, charges à l’essieu, volumes en fonction des cultures).